Enfance
et études
de Nignan Batien

Je suis né à Ly, un petit village de la région du Centre-Ouest au Burkina Faso, un lieu dépourvu d’électricité, de télévision et de cinémas. Pourtant, c’est dans ce cadre modeste que ma passion pour le cinéma et les arts audiovisuels a commencé à se dessiner.
En grandissant dans une maison imprégnée de traditions orales, j’ai été profondément influencé par mon père, un griot renommé dans toute la région, et ma mère, une danseuse et conteuse talentueuse. Chaque soir, les récits vivants de ma mère, riches en morale et en profondeur émotionnelle, m’ont fait découvrir le pouvoir transformateur de la narration. C’est ici, à la lumière des lampes à huile, que j’ai rêvé d’utiliser l’art pour connecter, inspirer et façonner la société.
Cependant, réaliser ce rêve n’a pas été chose facile. Dans une culture où le succès est souvent mesuré par la stabilité d’un emploi dans la fonction publique, poursuivre une voie créative était considéré comme non conventionnel et risqué. Après avoir accompli 16 années d’études et obtenu mon premier diplôme universitaire en 2006, j’ai pris la décision audacieuse d’embrasser la photographie comme carrière, un choix accueilli avec résistance, notamment par mon père. Pourtant, j’étais déterminé à prouver que l’entrepreneuriat créatif pouvait être à la fois significatif et porteur de changements.

Formalisation de l'entreprise Pasteur Photo
En 2015, j’ai fondé mon studio de photographie avec une vision d’innovation et d’excellence. En commençant avec du matériel analogique, j’ai progressivement adopté des outils numériques, élargi mes services à la vidéographie et gagné en reconnaissance pour la qualité de mon travail. Au fil du temps, mon studio a su gagner la confiance de clients prestigieux tels que l’UNICEF, la GIZ et des agences gouvernementales, devenant une référence pour la photographie professionnelle et liée aux visas au Burkina Faso. Ce parcours, de photographe solitaire à entrepreneur employant et formant d’autres personnes, reflète ma résilience et mon engagement envers l’excellence.
Initiation de Nignan Batien à l'univers du Cinéma

Malgré ce succès professionnel, j’ai ressenti un appel à avoir un impact plus large sur la société. La photographie, bien que profondément gratifiante, semblait limitée pour répondre pleinement aux changements que je souhaitais apporter. Cette prise de conscience m’a poussé à poursuivre un diplôme en réalisation cinématographique à l’Institut Supérieur de l’Image et du Son en 2021. Beaucoup ont remis en question ma décision de retourner à l’école en tant que professionnel établi, mais je voyais dans le cinéma une plateforme pour raconter des histoires d’une résonance universelle et d’un impact sociétal profond.
En jonglant entre les exigences des études, de la famille et de l’entreprise, j’ai écrit et réalisé Apparences, un court-métrage de six minutes inspiré par l’un des récits de ma mère, réimaginé dans le contexte d’un couple naviguant dans une vie marquée par le terrorisme. Ce film a été sélectionné dans un festival international en Israël, marquant mon premier voyage en dehors de l’Afrique et confirmant ma conviction dans le pouvoir du cinéma à transcender les frontières. Ce jalon a été suivi par une subvention gouvernementale pour produire un documentaire, Âne de Fer, actuellement en production.

Parmi les institutions, les clients et les médias qui ont témoigné de notre travail, nous pouvons citer Voice of America (VOA), RTB Télé, RTB Radio, le journal LeFaso.net, Burkina 24, Omega Radio, et bien d’autres encore.